Écotaxe : Une gronde générale
La contestation autour de l'écotaxe ne cesse de grandir. Partie de Bretagne, elle s'étend désormais à toute la France. Le week-end du 8 au 10 Novembre a vu s’accumuler manifestations et dégradations.
A St Gilles, deux portiques ont été endommagés, dont un brûlé. En Charente, près d’Angoulême et à Brassac, deux bornes ont été incendiées. Samedi 9 Novembre, des manifestations ont réunis près de 150 personnes à Montauban de Bretagne et 700 à Jugon-les- lacs. Le lendemain, près de Lyon, sur les autoroutes A46 et A43, sur l'A1 entre Paris et Lille ainsi que sur l'A25 entre Lille et Dunkerque, ont également eu lieu des opérations escargot.
Bien que la droite profite du mécontentement général pour tacler la gauche, il ne faudrait pas oublier que c'est sous le mandat de Nicolas Sarkozy qu'elle fut signée. Inscrite au Grenelle de l'environnement en 2009, l'écotaxe a pour objectif d'encourager le développement de transport de marchandises moins polluants, plus écologiques et plus durables.
L'écotaxe, qui doit rapporter 1,15 milliards d'euros par an, sera financée par les entreprises de transport routier qui répercuteront son prix sur ses clients. Cette solution, validée par le conseil constitutionnel le 23 Mai 2013, ne concerne que les routes nationales et départementales non payantes, soit 15 000 km couvrant 65 départements. De plus, le prix de l'écotaxe dépend de la taille du véhicule, de son âge et de sa conformité aux normes de pollution. Moins un poids lourd pollue, plus légère sera la note.
Certaines régions, en fonction de leur éloignement géographique du reste de l'union européenne, bénéficieront d'une réduction sur l'écotaxe. La Bretagne benificiera d'un abattement de 50%, l’Aquitaine et les Midi-Pyrénées 30%. Les entreprises abonnées aux télépéages profiterons d'une diminution de 10%.
Le dispositif est assez simple : 600 000 camions de plus de 3,5 tonnes seront équipés de boîtiers GPS, qui, à chaque passage d'un des 4 100 points de tarification, seront facturés. Dans le cas où le transporteur refuserait de payer l'écotaxe, une amende de 750 euros lui sera infligée.
La redistribution des 1,15 milliards d'euros engrangés par l'écotaxe sont ainsi répartis : 750 millions d'euros seront versés à l'AFITF ( Agence des Finances des Infrastructures de Transport de France) qui est chargée de la construction de voix fluviales et ferroviaires ; 150 millions seront reversés aux collectivitées concernées par l'écotaxe et 250 millions seront
attribuées à la gestion de l’Écotaxe (pose et entretien des portiques). La société Ecomouv (détenue à 70% par Autostrade der Italia, 11% par Thales, 10% par la SNCF, 6% par SFR et 3% par Steria) a remporté l'appel d'offre lancé en 2009 par Jean-Louis Borloo. Signé le 26 Novembre, Nathalie Kosciusko- Morizet s'en défend : « Je ne l'ai pas initié, ça a été lancé avant et signé après ». Elle oublie qu'un document publié sur le site du Monde prouve le contraire.
Bien qu'une instruction soit actuellement ouverte pour « corruption » dans l'attribution du marché à Ecomouv, celui-ci a d'ores et déjà commencé l’installation de 183 portiques et 800 0000 boîtiers, le tout pour la modique somme de 600 millions d'euros. Quant aux modalités de l'accord entre Ecomouv et le gouvernement en cas de retrait de la loi, cela coûterait 18 millions d'euros par mois aux contribuables afin de rembourser Ecomouv. De son coté le gouvernement a assuré, au travers de son ministre de l'économie Pierre Moscovici qu'une « négociation très serrée » avec Ecomouv sera effectuée puisqu'elle ne se serait « pas acquittée de ses responsabilités ».
La contestation des « bonnets rouges » est certes compréhensible. Une taxe supplémentaire n'est jamais la bienvenue, mais l’Écotaxe servirait, non seulement à engranger des bénéfices pour développer des modes de transport plus écologiques et durables et permettrait aussi de sensibiliser notre génération aux questions environnementales. Il s'agit ici de réfléchir au monde que nous voulons laisser à nos enfants.
Publié le 27 Novembre 2013
Rédigé par Le Denmat Clémence